“Défendons notre autonomie syndicale pour agir aussi sur la politique”

04/05/2017
Des milliers de personnes –plus de 12.000– ont participé aux actes convoqués par ELA à Bilbao et Pampelune le premier mai. Des gens qui, les pieds sur terre, ont réclamé notre droit à changer les choses pour une Euskal Herria plus juste et solidaire.

Les travailleuses des Résidences de Biscaye ont été les grandes protagonistes de l’acte organisé à Bilbao. Des femmes qui depuis plus d’un an mènent une lutte exemplaire pour défendre leurs conditions de travail et des services publics de qualité.

À la mi-journée s’est tenu un acte auquel ont participé Soraya García, responsable de ELA dans les Résidences de Biscaye, Esther Saavedra, responsable des services publics à Biscaye et Adolfo Muñoz Txiki, secrétaire général.

Esther Saavedra commençait son intervention en faisant le lien entre la grève du 1er mai 1886 et celle que maintiennent aujourd’hui les travailleuses des Résidences de Biscaye. “La grève, à l’origine du premier mai a été une lutte exemplaire pour obtenir la journée de travail de 8 heures par jour. Maintenant, en Biscaye des milliers de femmes mènent une autre lutte exemplaire pour leurs droits au travail et dans la vie. Les deux exemples sont la preuve que lutter vaut la peine”.

Cette responsable des services publics a souligné les deux clés de ce conflit du travail. “Tout d’abord, il faut dénoncer que si ce conflit ne se résout pas c’est parce que l’immense majorité des travailleurs du secteur sont des femmes. Et ce conflit met aussi en évidence le choix qu’ont fait ces responsables institutionnels pour la privatisation des services publics. C’est la raison pour laquelle il est indispensable de dénoncer l’attitude de la Députation Forale de Biscaye, principale responsable de ce conflit”.

Soraya García, travailleuse du secteur et responsable de ELA dans les Résidences de Biscaye a rappelé que les travailleuses vivent un conflit depuis plus de 14 mois et qu’elles sont en grève depuis plus de 150 jours. “Le but de cette grève est d’en finir une fois pour toutes avec le manque de personnel, avec des journées de disponibilité absolue et des horaires d’exploitation, avec des contrats temporaires. En finir avec des salaires qui n’atteignent pas les 1.000 euros. C’est la réalité quotidienne de plus de 5.000 travailleuses des Résidences de Biscaye, la pauvreté comme paiement aux soins dispensés à des personnes. C’est ce que notre grève veut changer.”.

Soraya García a dénoncé qu’on les veut soumises, silencieuses et résignées mais qu’ils ne vont pas y arriver. “Cela a beau déplaire à la Députation de Biscaye et à monsieur Unai Rementeria, nous le disons haut et clair : il n’y a plus de soumission. Nous sommes à chaque fois plus nombreuses à avoir brisé le silence, à descendre dans la rue. Nous irons jusqu’au bout, jusqu’à obtenir une fois pour toutes que nos conditions de travail soient dignifiées ainsi que les conditions de vie des personnes résidentes. Nous ne cesserons pas avant d’y arriver”.

Finalement le secrétaire général de ELA. Adolfo Muñoz a défendu notre autonomie comme syndicat et notre droit à changer les choses. “Ils affirment que le rôle que nous jouons dans la société ne nous correspond pas. Ils osent même défendre que ce sont eux (les gouvernements eux-mêmes) qui doivent décider ce que peut dire et faire un syndicat. Et nous, travailleurs et travailleuses, nous leur répondons non ; que personne de l’extérieur du syndicat ne peut décider, de manière directe ou indirecte, ce que nous faisons. ELA établit sa propre pensée, ses propositions en matière professionnelle, sociale et politique en toute autonomie. Le syndicat l’a déjà fait et le fera encore”.

Muñoz a souligné qu’ELA va redoubler ses efforts pour essayer d’organiser les travailleurs et travailleuses basques. « À ELA nous savons très bien que dans les pays où le néo-libéralisme est parvenu a affaiblir le mouvement syndical les inégalités sociales augmentent et les conditions de travail empirent. Nous voulons être utiles, nous voulons être efficaces”.

Notre défi –a-t-il ajouté– est d’éviter que l’alliance entre gouvernements et pouvoir économique détériore les identités collectives de classe. Nous continuerons à le faire. Nous continuerons à défendre notre droit – et notre obligation- d’influencer la politique pour défendre ce à quoi nous croyons”.

Après l’acte qui s’est tenu place du Sagrado Corazón les milliers de personnes réunies ont investi les rues en une manifestation colorée qui finissait devant la Députation Forale de Biscaye où un hommage émouvant a été rendu aux travailleuses des Résidences de Biscaye.

MOMENT HISTORIQUE EN NAVARRE

Comme l’an dernier, ELA a aussi célébré le premier mai à Pampelune. Plus de 1.000 personnes ont participé à la manifestation qui à midi parcourait les principales rues de la capitale de Navarre. Pendant son intervention, après la manifestation, Mitxel Lakuntza, responsable de ELA en Navarre, a voulu rappeler toutes les personnes qui en Navarre s’organisent et luttent pour des conditions de vie et de travail dignes. “Des personnes qui luttent au quotidien pour un changement politique et social réel qui soit au service de la majorité de la société. ELA sera toujours aux côtés de ceux qui subissent les coupes sociales et l’empirement des conditions de travail et salariales. C’est là que se trouve la clé de la devise de cette année : de nombreuses personnes s’organisent et luttent pour des conditions dignes de vie t ede travail” a-t-il insisté.

Ce premier mai a été très particulier pour notre syndicat en Navarre. Comme Lakuntza a voulu le rappeler, aujourd’hui ELA a atteint son maximum historique de représentation. »2ELA a 23% de représentation dans ce pays. C’est notre plafond historique, en effet, mais nous le dépassons chaque jour. Cette avancée vient ratifier le choix du syndicat pour un syndicalisme autonome et revendicatif basé sur la proximité et l’organisation depuis les centres de travail”.

REVENDICATION… ET FÊTE

Le premier mai est un jour de lutte et de revendication mais c’est aussi un jour de fête. C’est pourquoi après les actes organisés à Bilbao et Pampelune deux repas de fraternité, à l’Arenal et au frontón Labrit, respectivement réunissait tous et toutes. La fête continuera. Gora langileon borroka!