Dans les centres de travail ELA intensifiera la lutte contre l’étatisation et les licenciements que la réforme du travail permet encore

10/02/2022
À peine quelques jours après l’approbation, de manière grotesque, de la réforme du travail au Congrès, ELA a analysé la nouvelle situation et le panorama de la négociation collective pour 2022, qui se centrera sur les 93 conventions sectorielles entamées (71 dans la Communauté Autonome du Pays Basque et 22 en Navarre) et 404 conventions d’entreprises (73 en Navarre). Les objectifs du syndicat ne varient pas après l’approbation de la réforme- qui consolide dans l’essentiel ce que Rajoy avait laissé en place en 2012 – et ils se centreront sur la lutte contre la précarité, l’élimination des écarts de rémunération et la garantie au moins de l’IPC. Pour ce faire, ELA n’a pas d’autres options qu’intensifier sa lutte dans les centres de travail et freiner dans tous les secteurs les ravages de l’étatisation et des licenciements collectifs, deux avantages que le Gouvernement espagnol, UGT et CCOO ont concédé de nouveau à la patronale.

C’est l’annonce faite aujourd’hui par Mitxel Lakuntza (secrétaire général de ELA), Pello Igeregi (Négociation collective) et Mari Cruz Elkoro (secrétaire générale de ELA-Zerbitzuak).

“Pour ELA -affirmait Mitxel Lakuntza-, la lutte pour déroger les réformes de Zapatero et Rajoy n’est pas terminée. D’une part, ELA continuera à insister auprès du PNV et de EH Bildu pour que les questions non abordées dans cette réforme (licenciements, les mesures de régulation de l’emploi, la priorité des conventions…) forment partie de ses priorités dans les négociations futures avec le Gouvernement espagnol. Par ailleurs – continuait Lakuntza- le Gouvernement espagnol et les partis qui ont approuvé la réforme ont lancé un message clair à la classe travailleuse : “nous n’allons pas vous faciliter les choses, nous n’allons pas déranger la patronale ni rendre des droits, ce que nous vous refusons par loi vous devrez l’obtenir comme toujours, en luttant”.

“42% des grèves de tout l’État et 45,7% des jours perdus pour cause de grèves sont enregistrés dans la CAPV- révélait Pello Igeregi-. Si nous ajoutons à cela les données de Navarre, la conclusion est qu’il y a autant de grèves là où ELA est présent que dans les territoires, tous confondus, où CCOO et UGT ont de l’influence. Le rôle de CCOO et d’UGT dans la CAPV est de désactiver la mobilisation, de réduire le potentiel des travailleurs et travailleuses”. Igeregi a présenté le rapport de négociation collective de ELA pour 2022, “un contexte difficile : les conséquences de la pandémie sur le monde du travail, l’augmentation du coût des matières premières, les problèmes en approvisionnement et les IPC élevés compliqueront davantage encore la négociation collective. De fait, la patronale souhaite tirer parti de l’IPC élevé ( (6,5% en 2021) pour appliquer encore plus de coupes au pouvoir d’achat des gens”.

 

 

CAPV

État

Nombre de grèves

193

451

Jours non travaillés

129.260

282.817

Source : Commission des relations du travail (données 2021).

 

“Par conséquent -soulignait Igeregi-, notre mission est de charger de contenu la négociation collective”. Pour ELA ce seront des points incontournables à inclure dans les conventions :

1. Augmentations salariales au-dessus de l’IPC pour gagner du poids dans la distribution de la richesse, en fixant un salaire minimum conventionnel de 18.200 euros pour Euskal Herria et des augmentations salariales pour réduire les écarts de salaires.

2. Des mesures efficaces contre la précarité, en particulier le droit à la subrogation et la consolidation professionnelle de toutes les personnes du secteur public ayant des contrats de travail temporaires frauduleux.

3. Situer la réduction du temps de travail au centre des conflits pour que la numérisation n’implique pas la destruction de postes de travail.

4. Des mesures de dérogation de la réforme du travail à travers la négociation collective, telle que la clause de ELA contre la non-application de conventions.

“Nous devons rappeler- ajoutait Igeregi- que 2022 commence avec la consolidation de la Caisse de résistance de ELA, avec une rétribution minimale de 1.243,59 euros par mois de grève et 1.430,13 euros dans les secteurs et entreprises où l’affiliation est élevée. Une affiliation forte et une bonne organisation seront, un an de plus, les éléments clé de la négociation collective”. Pour compléter le diagnostic, Mari Cruz Elkoro a apporté la perspective de genre, indispensable : “les secteurs féminisés sont plus atomisés et en sous-traitance la plupart des fois ; là, la patronale utilise les instruments des réformes du travail pour bloquer la négociation”. Par ailleurs, “il y a de nombreux secteurs considérés essentiels (résidences, aide à domicile, nettoyage, cantines scolaires…) où le droit de grève est très restreint ou même interdit par les services minimums abusifs imposés par le Gouvernement Basque et celui de Navarre”.

Elkoro a aussi souligné l’effet de précarisation des conventions étatiques, plus grave encore dans les secteurs féminisés, quelque chose que la réforme n’a pas modifié. “Ce que dit la ministre Yolanda Diaz est faux ; sa réforme ne va pas en finir avec la précarité, loin de là”. Et Elkoro a apporté deux exemples très graves qui démentent les défenseurs de la réforme du travail : “Dans les cantines scolaires ils sont passés des conventions provinciales de l’Hôtellerie à la convention étatique de restauration collective ; de 11,49 euros/heure à 7,60, et en travaillant 50 heures de plus”. L’autre exemple est celui des Bureaux et administrations, où après le déclin des conventions provinciales, selon la convention étatique, le personnel va percevoir entre 3.000 et 5.000 euros de moins par an”, le tout grâce à des accords signés par UGT et CCOO à Madrid, deux syndicats qui dans la CAPV ne représentent même pas 30% de la représentation.

Conventions d’entreprise à négocier en 2022

 

 

BIZKAIA

ARABA

GIPUZKOA

NAFARROA

ZERBITZU PUBLIKOAK

19

7

14

5

INDUSTRIA

114

52

81

63

ZERBITZU PRIBATUAK

30

5

9

5

 

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