ELA, au FSM: "L’erreur serait de croire que les riders ou les chauffeurs de taxis sont les seules victimes de la précarisation croissante et du recours à de faux travailleurs indépendants"

02/02/2021
Mari Cruz Elkoro, secrétaire générale de la Fédération de Services Privés, affirmait que “ une erreur syndicale serait de croire que les riders ou les chauffeurs de taxis sont les seules victimes de la précarisation croissante et du recours à de faux travailleurs indépendants" durant son intervention en ligne au Forum Social Mondial. “C’est un modèle de relations professionnelles qui est venu pour rester et qui s’étend déjà à des travaux comme l’informatique, le génie, les traducteurs et touchent même le domaine des soins”.

Elkoro a montré son inquiétude à propos de la montée d’entreprises qui créent de l’emploi totalement précaire, sous des formules de recrutement totalement illégales présentées comme de simples intermédiaires entre le consommateur et le prestataire de services. “Elles recrutent du personnel à titre de travailleurs indépendants alors que ce sont de faux travailleurs indépendants, leur imposant une flexibilité brutale et un contrôle absolu de la part de l’entreprise”, a-t-elle dénoncé.

Il y a un grand débat sur la relation qui unit ces entreprises aux personnes prestataires du service, c’est à dire s’il s’agit de travailleurs indépendants ou de travailleurs/euses protégés par une relation de travail « Cette différence- expliquait Elkoro- est de poids parce qu’il s’agit de la différence entre emplois avec des droits ou emplois sans aucun type de droits et sans aucune régulation ».

Même si, à ce jour, des sentences juridiques considèrent qu’il s’agit de travailleurs salariés, Elkoro insiste : “ nous ne pouvons pas lâcher prise face à ces nouvelles formes d’emploi parce que les organisations patronales font pression pour obtenir des modifications légales et parce qu’elles poliront leur fonctionnement pour surmonter les points qui mettent en évidence qu’il s’agit d’une relation de travail”.

Ceci étant, Elkoro souligne que le syndicat doit faire pression dans le sens contraire à celui des entreprises. « Il faut renforcer la loi pour protéger ce type d’emploi si nous ne voulons pas à court terme nous retrouver avec des emplois échappant aux droits et surtout à la négociation collective”.

Cette dirigeante a abordé aussi le danger que représentent ces emplois du point de vue de l’organisation syndicale. “Les syndicats avons consolidé nos structures partant d’un type d’entreprise qui peu à peu tend à disparaître, celui d’un centre de travail avec un seul employeur où travaillent tous les effectifs” a-t-elle expliqué, pour ajouter que cette nouvelle formule d’emploi altère totalement le concept espace et temps. Elle s’inquiétait : “Nous n’avons plus les effectifs regroupés dans un seul espace physique, il n’y a pas d’interaction et ils ne se connaissent probablement pas ; l’horaire déterminé n’existe plus. La flexibilité est absolue : travaille quand tu veux et comme tu veux… et ces circonstances font que nos formes habituelles d’organisation ne donnent pas réponse aux défis que nous avons à relever”

Finalement, la secrétaire générale des Services Privés, concluait son intervention au FSM, qui a 20 ans aujourd’hui, en assurant qu’ELA est un syndicat très proche de la réalité et que par conséquent” nous sommes à un moment crucial. Nous devons innover, nous devons adapter le syndicat et nos propositions aux nouvelles formules de précarité qui se dessinent si nous voulons être utiles à la classe travailleuse”, un défi à relever.