ELA considère que la décision de l’ETA aide à avancer vers la paix

11/05/2018
ELA salue la décision de l’ETA de mettre fin à son existence. Cette décision est cohérente avec celle d’octobre 2011 qui supposait la fin de son activité armée. Elle est aussi opportune après le désarmement l’année dernière. Elle ouvre des possibilités, après la déclaration récente sur le mal causé, et elle aidera à avancer vers la paix.

La violence de motivation ou d’objectif politique que l’ETA a développé durant des décennies et que nous avons toujours condamné ont empreint notre histoire de tragédie. Les souffrances, longues et inutiles, marquent aujourd’hui encore notre vie en commun. Souvent elles ont supposé une ingérence illégitime dans les luttes populaires et elles ont conditionné gravement la vie sociale et politique de notre pays.

Aujourd’hui, ELA se souvient de toutes les victimes et parmi elles, en bonne logique, des militants et militantes qui ont souffert de nombreuses manières la violence de l’ETA. Nous rendons un hommage ému à ceux qui ont été assassinés et à leurs parents : Goikoetxea, Doral, Gómez Elosegi, Agirre, Pedrosa, Uribe… Et nous n’oublions pas d’autres atteintes aux droits de l’homme réalisées par des groupes paramilitaires et des forces de l’ordre qui pour la plupart sont encore impunies à ce jour, comme le cas de Zabalza, membre de notre organisation, assassiné par la Garde Civile.

Quoiqu’il en soit nous apprécions à sa juste valeur la manière dont ce processus a été fait, malgré l’opposition active de l’État espagnol. C’est pourquoi nous voulons relever la force militante de personnes et d’organisations de la société civile qui ont aidé à ce que cela devienne possible, surtout dans une situation critique comme le désarmement.

ELA pense que le temps de se tourner vers l’avenir est venu et invite instamment à faire les mouvements qui permettront de construire une paix basée non pas sur l’oubli mais sur la vérité, l’humanité et la justice. Pour cela:

  • ELA exige au Gouvernement espagnol le rapprochement des prisonniers éloignés et la libération des prisonniers malades. L’application systématique et injustifiée du premier degré doit cesser.

  • ELA demande aux forces représentées au Parlement espagnol d’encourager les réformes législatives qui permettront d’en finir avec le traitement d’exception appliqué aux militants et organisations. Il est urgent de déroger les condamnations à vie et de mettre fin à l’impunité des appareils de l’État auteurs d’atteintes aux droits de l’homme.

  • ELA défend une justice transitionnelle qui permettra de connaître la vérité sur ce qui s’est passé dans notre pays. Les victimes doivent recevoir réparation. Des commissions dûment habilitées doivent pouvoir enquêter pour construire une vision intégrale de la souffrance que nous avons subie.

  • Nous prions instamment les forces politiques basques d’encourager un dialogue constructif qui permettra d’avancer vers la réconciliation et la convivance.

ELA considère que notre peuple n’a pas besoin maintenant d’une guerre de récits qui rendent à chaque fois plus difficile la distinction entre l’interpellation légitime et la volonté de maintenir captive la politique ou encore de remettre en question les racines démocratiques du projet politique de l’adversaire.

Pour ELA le moment est bon pour rappeler que Euskal Herria dispose d’une énorme force sociale et militante qui, sur le contexte de la paix à consolider, doit s’orienter vers la lutte pour la justice sociale et la libération nationale. Ce sont les voeux de ELA pour l’avenir..