ELA soutient la grève des syndicats du secteur de l’énergie français pour la défense de l’énergie publique

10/02/2021
Ces dernières semaines, les travailleurs de l’électricité et du gaz en France se sont mis en grève pour défendre la propriété publique de l’énergie. Les appels à la grève ont été lancés par les fédérations syndicales du secteur de l’énergie français FNME-CGT, CFE-CGC Énergies, FO Energie et Mines y FCE-CFDT.

L’objectif de ces grèves est de faire obstacle à un ensemble de propositions que présente le gouvernement Français pour restructurer la principale entreprise nationale d’énergie du pays, EDF. Sous le titre « Projet Hercule », la proposition supposerait la division de la compagnie nationale d’électricité en trois entités séparées, identifiées par couleurs. EDF Blue agglutinerait les divisions de génération d’énergie nucléaire et thermique (gaz, charbon, etc.) de la compagnie. Et EDF Green réunirait la distribution et la génération d’énergie renouvelable.

D’après les syndicats, les changements proposés porteraient atteinte à la capacité d’EDF de maintenir ses opérations en tant qu’entreprise publique intégrée et à l’intérêt général. Selon le plan, EDF Bleu et EDF Gold seraient toujours des entreprises publiques alors que EDF Green serait ouverte à l’investissement privé. Un exemple classique de la socialisation des coûts allant de pair avec la privatisation des bénéfices.

Tout comme les entreprises de services publics du secteur de l’énergie dans de nombreux pays, EDF est face à des problèmes financiers majeurs essentiellement dus aux mesures de politique néolibérale apparemment destinées à encourager la compétence et la croissance de la génération d’énergie renouvelable. Mais, comme l’ont démontré les documents de travail récents de la TUED, ces mesures provoquent le chaos dans le secteur de l’énergie, en introduisant un « risque de l’investisseur » que les gouvernements doivent mitiger par le biais de garanties pour assurer l’investissement du secteur privé. Les gouvernements se voient obligés à subventionner toutes les formes d’énergie pour garantir la stabilité de sa génération face à la montée de la proportion d’énergie renouvelable variable dans tout le système : un transfert de la richesse publique à des mains privées.

Dans le cas d’EDF, une complication additionnelle importante naît du fait que l’entreprise est légalement obligée à vendre 25% de sa production d’électricité nucléaire à ses concurrents à un prix fixe, inférieur à celui du marché. Le Projet Hercule pourrait voir cela élevé au 100% dans le cadre de la restructuration proposée, en transformant la capacité de génération d’énergie nucléaire publique du pays en une vache laitière pour les investisseurs privés.

La proposition du Gouvernement français signifie privatiser des biens publics et aller plus loin dans la libéralisation, mais les personnes qui travaillent dans le secteur ont très clair que le secteur énergétique doit être public et la grève a été un réel succès. ELA tient à féliciter les travailleurs et travailleuses qui sont allés en grève et leur dire que nous les accompagnons dans leur lutte.

Lisez ici le manifeste de solidarité signé par ELA et d’autres syndicats internationaux.