La réforme des pensions: “Le nouveau Mécanisme d’Équité Intergénérationnelle donne un chèque en blanc au gouvernement pour appliquer des coupes aux pensions”

15/07/2021
Le 1 juillet, les syndicats CCOO, UGT, CEOE et le Gouvernement espagnol signaient l’Accord sur les pensions. Le nom lui-même indique déjà que c’est le premier bloc de réforme des pensions qui prend place dans l’application du Pacte de Tolède et du Plan présenté par le gouvernement espagnol à la Commission Européenne pour pouvoir accéder aux fonds européens.

Avec cet accord, plus de coupes sont proposées ce qui ne représente aucune surprise pour ELA. En premier lieu, les Plans du Gouvernement espagnol étaient chose publique. Les documents présentés à l’Union Européenne montraient l’engagement à appliquer en deux phases une série de coupes aux pensions. La première devrait être approuvée avant la fin de 2021. La seconde, l’année prochaine. La nouveauté par rapport aux documents connus au préalable est que le MEI (le nouveau facteur de durabilité) sera approuvé avec le premier paquet de réformes et pas en 2022.

En deuxième lieu, ELA a déjà fait une évaluation négative du dernier Pacte de Tolède. Et il est évident que l’Accord sur les Pensions en est une prolongation.

Et finalement, l’on sait aussi que le nommé Dialogue Social était (et est encore, de toute évidence) un mécanisme d’accompagnement aux coupes aux pensions avec paix sociale. L’Accord récupère la voie d’époques antérieures pendant lesquelles le Dialogue Social donnait couverture aux coupes appliquées au montant des nouvelles pensions ou au retard de l’âge de départ à la retraite par diverses voies, comme ce qui s’est passé en 2011 avec la réforme “accordée” avec Zapatero pour, entre autres mesures, repousser l’âge de départ à la retraite à 67 ans.

Cet accord a été signé dans un contexte où le Mouvement de défense des retraites s’est maintenu en permanence dans la rue depuis 2018, obtenant une augmentation des pensions au moins de l’IPC.


MEI: Nouveau nom, mêmes coupes

Le secrétaire général a insisté tout particulièrement sur le Mécanisme d’Équité Intergénérationnelle (MEI) annoncé : “La réforme suppose de graves coupes, tant à la retraite anticipée comme celles découlant du remplacement du Facteur de Durabilité par le MEI. Le gouvernement obtient ainsi un chèque en blanc pour adopter de nouvelles mesures relatives à des éléments tels que l’âge de départ à la retraite ou le calcul des nouvelles pensions”.

Et c’est que, comme l’a expliqué Mikel Noval, le Facteur de durabilité “ne se déroge pas”, mais est remplacé par le MEI. “Le Facteur de Stabilité a été formulé comme un mécanisme automatique d’ajustements des pensions. Le gouvernement a ainsi licence pour appliquer des coupes aux futures pensions si l’espérance de vie augmente. Si la prévision est de vivre plus longtemps les revenus annuels seront diminués. Et c’est ce qui nous attend avec la réforme de cette année à travers le MEI”. Il a assuré aussi que s’il n’y a pas d’accord par rapport au dialogue social avant le 15 novembre pour concrétiser le contenu de ce mécanisme, le gouvernement aura voie libre pour appliquer des coupes au calcul de pensions, à l’âge du départ à la retraite ou à la revalorisation des pensions. Cela fait dire à Noval que les déclarations du Ministre Escrivá affirmant que la génération du baby boom verra diminuer ses pensions et/ou partir plus tard à la retraite “sont cohérentes avec ce qui a été accordé”.

De même, Janire Landaluze a rappelé que la réforme ne répond pas à la demande de fixer la pension minimale à 1.090 euros et affecte les pensions maximales pour empêcher les départs en retraite anticipés, et il a signalé que la revalorisation des pensions en fonction de l’IPC, si annoncée, “s’appliquait déjà depuis 2018 au moyen du Budget” et s’établit uniquement pour 5 ans parce qu’à ce moment-là “le mécanisme sera révisé avec le dialogue social”.

Dialogue social : un mécanisme pour dissimuler les coupes

ELA a rappelé que cet accord est le résultat du nommé Dialogue Social qui n’est qu’un “mécanisme d’accompagnement des coupes aux pensions avec la paix sociale”. En ce sens, Mitxel Lakuntza a réprouvé le Pacte de Tolède et sa philosophie: “ ces tables servent à ça, à accompagner ces coupes et à démobiliser”.

Pour tout cela, selon les paroles du secrétaire général, ELA va à exiger aux partis ayant représentation qu’ils “rejettent de manière claire les coupes prévues pour la retraite anticipée et qu’ils exigent la dérogation du Facteur de Durabilité sans option de son remplacement par un nouveau mécanisme tel que l’Équité Intergénérationnelle. Ils doivent aussi incorporer les revendications du mouvement des retraités et celles de la grève générale du 30 janvier convoquée par la Charte des droits sociaux de Euskal Herria”.