Le soutien du PNV et de EH Bildu au décret des fonds européens donne le feu vert aux coupes dans les droits sociaux et du travail

10/02/2021
ELA ne partage pas le soutien du PNV et de EH Bildu à la réception de fonds européens, une prise de position qui apparaît d’autant plus contradictoire quand elle vient de la gauche, comme EH Bildu (dans notre pays) et Podemos (à l’échelle de l’État).

Souvent ELA a averti que les fonds européens Next Generation arrivent clairement conditionnés et peuvent supposer un piège pour les pays qui les demandent. Les plans que présentent les États pour opter à ce financement iront accompagnés de réformes recommandées par la Commission Européenne. Pour le cas de l’État Espagnol, ils touchent à la durabilité du système de pensions, à la flexibilisation du marché du travail ou à la réduction du déficit et de la dette publique.

La crise provoquée par le virus de la COVID19 a mis en évidence la vulnérabilité de notre système sanitaire, économique et de protection sociale et a montré quels sont les secteurs vraiment essentiels pour la durabilité de la vie. Cependant, les fonds européens et le Décret Royal-loi 36/2020 qui les régulent sont conçus pour financer avec de l’argent public des projets privés promus par les grandes entreprises, en allant plus loin dans le modèle qui a provoqué cette situation.

Ce sont les raisons pour lesquelles ELA lamente le soutien de PNV et EH Bildu à ce décret surtout alors qu’il faut encore concréter les réformes que le Gouvernement espagnol va envoyer à Bruxelles, relatif aux pensions : il prétend passer de 25 à 35 ans pour calculer la pension et retarder l’âge du départ en retraite (en pénalisant le départ à la retraite anticipé ou en incitant financièrement la retraite retardée). Pour ce qui concerne le travail il prétend flexibiliser le marché et refuse de déroger la réforme de 2012.

La préoccupation de ELA est majeure d’autant plus que le soutien à ce décret vient de partis de gauche. Les engagements du gouvernement de Sanchez pour obtenir l’appui de EH Bildu sont pour le moins discutables. Jusqu’à maintenant le design des plans de résilience étaient opaques : la seule “co-gouvernance” s’établissait entre les administrations publiques et la classe patronale. Et pour ce qui a trait au financement des mairies, force est de rappeler ici que le responsable de canaliser les fonds sera l’État espagnol ce qui fait que l’augmentation des ressources assignées aux mairies dépendra exclusivement de la décision de Madrid.

ELA a toujours rejeté la réception des fonds européens toutefois qu’ils venaient conditionnés par des coupes dans les droits de la classe travailleuse et, pour le moment, rien ne porte à penser que le contraire se produira. C’est pourquoi ELA ne comprend pas l’assimilation par une partie de la gauche d’un cadre pensé pour éroder les conditions de vie des travailleurs et travailleuses.