Premier mai : “Face à la crise nous prenons l’autre issue, celle de la porte de gauche, celle qui ouvre sur plus de droits et moins de coupes” #AldaketaGaraiaDa

05/05/2021
Cette année, contrairement à l’an dernier, ELA a pu célébrer le Premier mai dans les rues mais pas comme le syndicat l’aurait voulu, malheureusement. La décision du Tribunal Supérieur de Justice du Pays Basque de restreindre le droit de manifester a supposé une attaque aux droits fondamentaux ; les actions des syndicats dans les quatre capitales du Pays Basque ont respecté toutes les mesures sanitaires. Malgré les contraintes, des milliers de personnes descendaient dans les rues de Bilbao, Vitoria, Pampelune et Saint-Sébastien.

ELA a revendiqué aujourd’hui que le temps des changements est venu. Mitxel Lakuntza, le secrétaire général, l’a répété plusieurs fois dans son intervention préalable à la manifestation de Bilbao.  La même idée était transmise par Amaia Muñoa à Saint-Sébastien, Imanol Pascual à Pampelune et Leire Gallego à Vitoria, les porte-parole de ELA ce Premier mai.

“C’est l’idée que nous voulons développer ce premier mai. Le Président du Gouvernement Basque, Urkullu, nous dit que le moment de déroger la réforme fiscale n’est pas venu. Ceux qui nous disent que ce n’est pas le moment de changements préparent eux des changements. Nous savons que ces dernières semaines de nombreuses questions sont traitées à Bruxelles et Madrid. Parce que ce qui est en jeu est la sortie de cette crise. Changements ou coupes : c’est la question.”.

Lakuntza a reconnu son inquiétude. “Nous nous inquiétons pour ce qu’il adviendra les prochains mois des pensions et de la réforme du travail. Ils nous proposent un âge légal de départ à la retraite repoussé à 67 ans et des pensions plus faibles. C’est le plan. Nous savons aussi qu’une table est organisée entre le gouvernement, le patronat et UGT et CCOO pour parler de la réforme du travail. Que savons-nous? Qu’ils ne vont pas déroger la réforme du travail. La Ministre du travail l’a confirmé. La nouvelle est mauvaise. ELA, avec les syndicats CIG de Galice et l’Intersyndicale de Catalogne, fait pression pour exiger la dérogation de la réforme du travail”. 

Il a insisté sur le fait que cette situation ne s’entend pas sans les nommés fonds européens “Que sont ces fonds? Des milliers de millions d’euros pour les grandes entreprises. L’objectif n’est pas la transition écologique. Pendant la crise antérieure, la priorité était la banque ; maintenant ce sont les grandes entreprises. Il y a beaucoup de propagande et beaucoup d’opacité de la part du gouvernement de Sánchez. Pourquoi cachent-ils les documents relatifs à ces fonds et les conditions qui leur sont inhérentes? D’habitude les bonnes nouvelles ne sont pas passées sous silence. Que demande Bruxelles en échange? Des coupes. Des coupes dans les pensions et les droits du travail.”

Faire pression pour provoquer des changements

Dans ce pays, il n’y a pas de tables rondes convoquées pour parler des choses qui importent ; pour tout le reste, on se reporte au dialogue social. “Nous exigeons des changements pour que l’issue de cette crise ne soit pas comme celle de 2008. Nous avons appris trop de choses. Il n’y a pas de chemin unique, nous prenons l’autre issue, celle de la porte de gauche, celle qui ouvre sur davantage de droits et moins de coupes. Nous avons besoin de changements mais nous savons qu’il faut les provoquer. En créant une conscience collective, en organisant et en mobilisant. Les changements ne viendront pas seuls nous devons continuer à nous préparer pour faire pression”.

Lakuntza a souligné que ELA a une proposition pour obtenir ces changements. “Nous avons exigé une réforme fiscale dans les finances basques qui doit se faire avant l’été pour deux raisons : pour augmenter les ressources et aider les secteurs et les personnes les plus affectées par la crise (comme le font certains pays européens). En définitive, pour que personne ne soit lésé. Et par ailleurs, parce que la dette et le déficit que nous avons sont bien supérieurs à ceux de 2010, année où les coupes ont commencé. Tôt ou tard, les normes fiscales exigées par Bruxelles reviendront. L’Europe n’a pas assez changé. Ce qui est en jeu est si la facture de cette crise sera payée avec des coupes ou avec une réforme fiscale qui haussera les impôts des mieux nantis. 

“Quelque chose va mal quand un président des États Unis propose des réformes fiscales qui devancent par la gauche tous les partis de ce pays. Nous avons demandé des réunions pour parler de cela avec le ministère des finances basque et les Gouvernements de la Navarre et du Pays Basque. Le département des Finances ne nous a même pas répondu et le Président Basque nous a dit qu’il n’avait pas les compétences en la matière. Inqualifiable”.