Sahara libre
Pendant près d'un siècle, le Sahara Occidental, dernier territoire africain en attente de décolonisation, a été administré par l'Espagne, qui en 1958 en a officiellement fait une province espagnole. Bien que la Cour Internationale de Justice ait reconnu le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, le Maroc a lancé le 6 novembre 1975 la Marche Verte : une invasion militaire et civile massive au cours de laquelle 350 000 personnes ont franchi la frontière pour occuper le territoire et faire pression sur l'Espagne pour qu'elle le quitte.
L'Espagne, au lieu de garantir un processus d'indépendance supervisé par l'ONU, a signé les Accords de Madrid le 14 novembre 1975, cédant le territoire au Maroc et à la Mauritanie, bien qu'elle n'ait pas la souveraineté pour le faire.
Ce retrait précipité a laissé le peuple sahraoui à la merci de l'occupation et de la répression marocaines. La population a été victime de bombardements, de déplacements forcés et de persécutions. Des milliers de personnes ont fui vers les camps de réfugiés de Tindouf, en Algérie, où, aujourd’hui encore, résistent dans des conditions extrêmement difficiles, alors que le Maroc occupe la majeure partie du territoire.
L'Espagne a ainsi abandonné son ancienne colonie, en violation de ses obligations en tant que puissance administrante et en trahissant son engagement en faveur de l'autodétermination du peuple sahraoui. Des décennies après les Accords de Madrid, l’Espagne a connu une deuxième grande trahison : en mars 2022, le gouvernement de Pedro Sánchez a reconnu publiquement que la proposition d’autonomie sous souveraineté marocaine était « la base la plus sérieuse, la plus crédible et la plus réaliste » pour résoudre le conflit. Par cette déclaration, l'Espagne a brisé sa position traditionnelle de neutralité et s'est alignée sur la position du Maroc, contredisant des décennies de résolutions de l'ONU qui reconnaissent le droit du peuple sahraoui à décider de son avenir par référendum.
À l'approche du 50e anniversaire de la Marche Verte, le 30 octobre, le Conseil de Sécurité des Nations Unies se réunira pour voter une nouvelle résolution sur le Sahara Occidental, coïncidant avec l'expiration, le lendemain, du mandat de la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum (MINURSO), créée en 1991 pour organiser une consultation d'autodétermination.
Le projet présenté par les États-Unis vise à consolider le cadre de l’autonomie dans la souveraineté du Maroc, en omettant toute référence au référendum et en promouvant un rôle direct de Washington dans le processus, en déplaçant le leadership traditionnel des Nations Unies. Malgré les objections de plusieurs pays membres, la résolution sera transmise à la présidence du Conseil pour vote.
Le soutien au plan marocain d'autonomie sur le Sahara Occidental tourne le dos non seulement au peuple sahraoui et à son droit de décider, mais aussi à la légalité internationale, qui établit que le territoire reste un cas de décolonisation et que sa population a droit à la libre détermination.
Il est honteux de voir comment le peuple sahraoui continue d'être soumis à l'occupation, à la violence systématique et à la spoliation de ses ressources, alors que des gouvernements complices et des organismes internationaux hypocrites détournent les yeux.
Les intérêts économiques, géopolitiques et militaires ne devraient jamais prévaloir sur le droit des peuples. C'est pourquoi, ELA, une fois de plus, exprime toute sa solidarité et son affection au peuple sahraoui courageux et digne et exige une solution juste et définitive: la tenue d'un référendum conforme aux résolutions des Nations Unies qui permette au peuple sahraoui de décider de son avenir et de vivre en liberté.