ELA a participé à Bayonne au grand rassemblement pour le désarmement et manifeste sa joie de voir le processus couronné de succès

12/04/2017
ELA a participé à Bayonne au grand rassemblement populaire pour le désarmement et manifeste sa joie de voir le processus couronné de succès. Txiki Muñoz (secrétaire général de ELA) et José Elorietta (ex-secrétaire général) étaient parmi les 120 personnalités qui ont pris part à l’acte principal. Des centaines de militants de ELA ont soutenu à Bayonne le travail des Artisans de la Paix.

Cette concentration massive avait aussi comme objectif le soutien au désarmement et la fin définitive de toute violence politique en Euskal Herria. Finalement, cette journée appelait les États français et espagnol à contribuer, eux aussi, à l’apaisement et au dialogue en Euskal Herria.

Le manifeste était lu en quatre langues, en euskera par Estitxu Eizagirre, directrice de la revue Argia ; en français par Louis Joinet, ex-magistrat et expert auprès du Comité des droits de l’homme de l’ONU ; en espagnol par Fernando Armendariz, membre du Forum Social et en anglais par l’écrivain Susan George.

 Manifeste de Bayonne

1.- Nous, ici présents, avions décidé que le jour du désarmement serait « notre » jour. La décision était étrange, voire audacieuse… et nous aurions pu ne pas oser.

Quoiqu'il en soit, nous affirmons que ce n’était pas une idée passagère et encore moins de l’improvisation.

Le désarmement est bien notre journée, parce que nous y avons réfléchi, que nous l'avons partagé et soupesé.

D'autres que nous l'ont fait qui ont décidé de ne pas être ici aujourd’hui, parmi nous, et nous les respectons, nous les reconnaissons et c'est aussi à eux que nous nous adressons.

2.- Il est vrai que nous ne représentons pas tout le peuple mais personne ne peut ni pourra nier qu’ici à Bayonne nous nous retrouvons, venus de tout le pays et de toutes ses terres, ses gens, toutes sensibilités confondues.

Parvenus ici, nous avons le sentiment qu'à l'avenir il sera plus difficile, peut-être même impossible, d'en appeler au peuple et à ses gens si ce n’est pour construire la paix.

3.- Les ici présents partagent quelque chose de facile à expliquer : la paix n'est pas que l’absence de violence… et nous partageons aussi la conviction qu’en temps de violence il n'y a pas de paix.

C’est ce qui rendait le désarmement si important, une démarche indispensable pour avancer vers la paix.

Le désarmement est chose faite et aujourd’hui se ferme un chapitre douloureux de notre histoire, un chapitre de mort et d’agonies duquel nous voulons nous détacher … mais en maintenant le regard sur le passé.

4.- Notre cœur et notre mémoire reviennent immédiatement vers le visage des victimes, vers toutes et chacune, celles qui ne sont plus et celles de maintenant, celles connues et celles qui ne le sont pas, les victimes de ces armes et celles de toutes les armes.

Chacune d’elles, toutes, ont porté le poids d’une tragédie et il n’a pas été facile - tous n’y sont pas parvenus- d’arriver à ce jour sans céder au désespoir.

Et parce que la paix n’est pas que l’absence de violence nous nous tournons vers les victimes et nous engageons a maintenir vivantes la mémoire et la reconnaissance. Nous voulons que vérité et justice leur soient rendues et leur dire que “Cela ne se reproduira pas”, “cela ne se reproduira pas”.

5- Nous nous engageons à construire l’avenir de convivance et de concorde dont elles ont été privées et à poser les jalons pour de nouvelles batailles qui seront, pourquoi pas, humanisantes et civilisatrices.

Nous nous engageons aussi à ne pas utiliser leur mémoire, ni à notre avantage ni au détriment d’autrui.

6.- Notre mémoire du passé nous amène vers un présent douloureux, celui des prisonniers et de leurs familles et proches.

Nous pensons que tous et toutes sortirons gagnants si la loi et la politique s’investissent dans le présent, si l’éloignement termine et s’ils sont ramenés en Euskal Herria, leur milieu ; si les malades et ceux arrivés en fin de peine sont libérés.

Nous voulons croire que leur retour se fera le plus tôt possible.

Parce que ce qui est nécessaire doit être possible.

7. Voilà presque six ans, à Aiete, il était dit que la paix demande “du courage, la volonté de prendre des risques, des engagements profonds, de la générosité”.

Parce que c’était nécessaire ils l’ont rendu possible : vous, artisans et artisanes de la paix, recevez l’accolade de notre reconnaissance.

Vous avez fait un travail d’artisan y laissant la marque inégale et imparfaite - humaine profondément humaine- des mains qui, dans leur travail, soupirent pour le repos mérité, celui de la paix promise.

Vous y avez mis votre matière, celle de ce peuple et de gens condamnés à produire l’art de vivre ensemble que le temps appréciera à sa juste mesure.

8.- Il manque encore quelque chose d’important des demandes d’Aiete : que les gouvernements de France et d’Espagne acceptent de parler et d’entendre ce que nous ont laissé, et dans quel état nous ont laissés, tant d’années de violences.

Cela aussi doit être possible car c’est absolument nécessaire.

La société, des agents, des élus, des institutions légitimées et une communauté internationale sont prêts à faciliter le dialogue qui nous rapprochera d’une paix juste et durable.

Merci à tous et toutes.

Soyons tous et toutes des artisans de la paix !