LE RACISME ET LA DISCRIMINATION

ELA lance une campagne pour unir plus de 1.500 sections syndicales dans la lutte contre le racisme et la discrimination

11/04/2024
Les personnes étrangères perçoivent un salaire 45% inférieur à celui des autochtones et elles sont soumises à davantage de précarité : plus d’emploi partiel et temporaire, surtout pour les femmes. Lakuntza : ” Des entreprises basent leurs bénéfices sur le recrutement de migrants dans des conditions de précarité. ELA va redoubler ses efforts pour combattre cette exploitation”.

ELA a présenté pour les prochains mois une campagne qui amènera la lutte contre le racisme et la discrimination dans des centaines de centres de travail. ELA prétend impliquer des milliers de ses militants dans cette tâche et va diffuser pour ce faire le rapport ‘Guztion prekaritatea borrokatu : Pour un syndicalisme antiraciste’ et ses propositions d’action dans au moins 1.500 sections syndicales et autant d’entreprises. Il convient de rappeler que ELA a 192 représentants et presque 6.000 adhérents d’origine migrante. Parmi d’autres données il faut signaler que dans des communes comme la Ribera de Navarre, 20% des adhérents sont des personnes immigrantes.

Mitxel Lakuntza, secrétaire général de ELA, a participé à la conférence de presse qui s’est tenue après l’acte organisé entre Irun et Hendaye le 20 mars dernier, veille de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale : “Il y a des entreprises qui recrutent délibérément des personnes migrantes pour précariser plus encore les conditions de travail et augmenter leur marge de bénéfices, sachant que ce collectif a des besoins plus importants que les autres. Les personnes migrantes forment partie de ce marché du travail plus précaire ou non déclaré où elles subissent parfois des conditions de semi-esclavage. Organiser ces travailleurs et travailleuses est une partie du travail du syndicat. La lutte syndicale a besoin de ces personnes parce qu’elles forment partie de la classe travailleuse et avec leur élan nous sommes plus forts comme classe”.

Leire Gallego, responsable d’Action sociale dans ELA, a rappelé que “l’atteinte aux droits des personnes migrantes est constante : l’accès au logement, aux aides sociales, etc. Comme vient de le reconnaître le propre Gouvernement basque, de chaque dix personnes sans domicile fixe de la CAPV, huit sont d’origine étrangère. La difficulté structurelle de l’accès au logement devient plus difficile encore dans le cas des personnes migrantes”. De même, pour percevoir des prestations sociales comme le RGI, Revenu minimum vital, dans la Communauté Autonome du Pays Basque ou les Revenus Garantis en Navarre il faut être recensé depuis 3 et 2 ans respectivement, ce qui perpétue la pauvreté chez ce collectif. L’accès à l’emploi public est aussi interdit à la majorité des personnes migrantes et dans le domaine de l’éducation elles sont victimes d’un système ségrégatif.

Le rapport présenté par ELA montre une réalité très discriminatoire. Les données sur l’emploi, par exemple, montrent une situation très grave. Les personnes migrantes subissent la précarité beaucoup plus que les autres :

  • Temporalité au travail : Si la moyenne générale est de 21%, dans le cas des personnes migrantes ce taux atteint 26,4% dans la CAPV et 57% en Navarre.

  • Partialité : Dans cette situation se trouvent 26,9% des personnes immigrés dans la Communauté Autonome du Pays Basque (42,8% dans le cas des femmes) et 21% en Navarre. Ces pourcentages sont de 50% plus élevés que la moyenne de l’ensemble de la population occupée.

  • Fracture salariale : Le salaire des personnes étrangères est de 45,3% inférieur à celui des personnes qui ne le sont pas. La fracture entre les deux groupes était de 12.625 euros en 2021, selon les dernières données dont nous disposons.

Comme un exemple de cette réalité, Miriam Ruiz Hernández, déléguée de ELA de l’entreprise Limpiezas Abando, dénonçait que le racisme que vivent les personnes migrantes lorsqu’elles arrivent est un racisme structurel : “Les niveaux de pauvreté parmi les migrants sont 5 fois plus élevés que chez les non migrants”.

Comme le soulignaient Mikel Lakuntza et Leire Gallego, “ELA est un syndicat engagé contre le racisme. Cela est un appel à l’action dans les centres de travail où le taux de personnes migrantes est très élevé. Nous luttons contre une précarité qui est traversée par des élément comme le genre ou la race. Ces dernières années nous avons réussi à nous organiser et à combattre la précarité dans de nombreux centres de travail où le pourcentage de personnes migrantes est très élevé”. Ils donnaient des exemples comme Cecosa, hoteles NH et Barceló, Navarpluma, Ferrovial, etc. L’axe central de la campagne sera la matérialisation de cet engagement dans des centaines de centres de travail à travers les sections syndicales de ELA, afin d’activer la militance dans la lutte contre le racisme dans le monde du travail en améliorant la détection de discriminations dans les entreprises du Pays Basque et d’augmenter ainsi l’effectivité de la lutte syndicale contre la précarité.

Ces actions s’encadreront dans la lutte syndicale quotidienne, pour éliminer les fractures salariales que subissent les personnes migrantes, ainsi que le reste des conditions précaires qui sont les leurs du fait qu’il s’agit d’un des collectifs les plus vulnérables dans le monde du travail. En définitive, il s’agit d’étendre les succès cités antérieurement à tout le tissu productif et de l’emploi basque.

Certaines des revendications de ELA sont les suivantes :

  • Faire marche arrière sur la signature du Pacte Européen sur la Migration et l’Asile.

  • La dissolution de l’agence Frontex.

  • Mettre la réalisation des droits humains, économiques, sociaux et culturels avant ceux des entreprises et du capital. - Non aux Traités de libre- échange. Défense du Traité des peuples.

  • Dérogation de la Loi sur les droits et libertés des étrangers.

  • La régularisation administrative de toutes les personnes en garantissant leur recensement.

  • Garantir à toutes les personnes les mêmes droits, sans discrimination pour cause d’origine et/ou ethnie.

  • Pleines compétences en matière de migration pour les institutions de Hego Euskal Herria.

  • En matière professionnelle, augmenter les ressources de l’Inspection du Travail pour que l’on puisse détecter les irrégularités et les cas d’exploitation au travail.

  • Ressources pour la formation des personnes migrantes (fracture numérique, euskera, etc.)

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