Etcheverry: “On a préfiguré la voie stratégique sur laquelle bâtir la souveraineté d’Euskal Herria”

04/07/2018
Txetx Etcheverry, membre des Artisans de la Paix/Bakegileak et responsable de la Fondation Manu Robles-Arangiz à Bayonne, a participé au séminaire sur l’économie sociale transformatrice et la souveraineté, organisé par la Fondation Manu Robles-Arangiz en collaboration avec l’UNED-Bergara à la Faculté des lettres de l’UV-EHU à Vitoria-Gasteiz.

Etcheverry s’est référé aux initiatives surgies en Iparralde qui se sont basées sur “une méthode de travail très spécifique qui a permis de transformer progressivement la réalité, les consciences et les perspectives”. En ce sens, il a souligné le travail fait autour de l’Euskal Herriko Laborantza Ganbara (Chambre d’Agriculture), la Communauté de communes du Pays Basque et, plus récemment, la mobilisation pour le désarmement de l’ETA à Bayonne.

Etcheverry a signalé que la méthode a articulé deux grands composants : d’une part, les demandes faites à l’État français, ciblant des objectifs susceptibles de réunir des multitudes et qui vont dans la direction adéquate, même si leur niveau ou contenu ne correspondaient pas exactement à ce que demandaient les abertzales ; et, d’autre part, la construction d’initiatives, de structures, de projets qui permettraient de mettre en pratique le contenu de ces demandes, sans attendre que l’État leur donne une réponse positive.

Il a rappelé la mobilisation en faveur du désarmement de l’ETA entre décembre 2016 et avril 2017. D’après lui, “à Louhossoa les gens ont commencé à réaliser ce qui était raisonnable et utile, ce que la majorité de la société exigeait aux deux États”. Dans ce contexte “face à cette mobilisation et à la détermination des acteurs, prêts à continuer à mettre en pratique ce qui était exigé aux États, l’attitude de Paris changeait ; les lignes ont bougé et une nouvelle situation est apparue, qui permettait non seulement le désarmement total de l’ETA mais aussi une évolution plus globale et positive d’une situation qui jusqu’alors semblait sérieusement bloquée”.

Pour Etcheverry on a préfiguré ainsi la voie stratégique sur laquelle on peut construire la souveraineté d’Euskal Herria : “Aujourd’hui, nous sommes nombreux à diriger des revendications raisonnables et utiles aux deux États et nous ne sommes pas prêts à supporter leur refus systématique, nous qui subissons leur incapacité à écouter ces demandes ou, simplement, à les comprendre”. En ce sens il a détaillé les besoins de protection sociale, de lutte contre la précarité et l’exclusion, de réduction de l’inégalité ; le besoin urgent de mettre en place des modes de production, de consommation, de transport et d’aménagement du territoire qui permettraient de mieux vivre et à la fois de réduire notre impact écologique, en préservant la biodiversité ou la santé des personnes en mettant fin à l’altération du climat ; le souhait de normaliser l’utilisation de l’euskara et la solidarité et l’accueil surtout des personnes qui sont poussées à fuir de leurs terres d’origine, entre autres.

Pour Etcheverry, “basques ou pas, ‘abertzales’ et ‘non-abertzales’, les personnes qui vivons en Euskal Herria et voulons reprendre le contrôle de notre vie, sommes incroyablement nombreux et pluriels. Le système actuel nous dépossède à chaque fois davantage à tous les niveaux : climat, terre, eau, air, logement, alimentation, énergie, histoire, culture, socialisation… Le projet se base sur le potentiel et la capacité d’attractivité et de mobilisation d’un territoire et d’une Communauté de projet qui s’appelle Euskal Herria pour reprendre en main le contrôle de nos conditions de vie. C’est la réponse qui s’adapte le mieux et qui a le plus de potentiel face aux grands défis de notre temps. Cette vision de la souveraineté peut attirer le nombre de gens et la détermination suffisants pour gagner la bataille, pour le bien de tous et toutes”.