Guerre et capitalisme, une alliance contre la classe ouvrière

25/04/2025
Amaia Muñoa, secrétaire générale adjointe de l'ELA, et Aitor Murgia, responsable du bureau de recherche.
L’histoire montre que la guerre est un instrument clé de l’expansion du capitalisme. En temps de crise, les grandes puissances ont recours à la militarisation pour protéger leurs intérêts économiques et ceux des grandes entreprises, justifiant le conflit par une rhétorique sur la sécurité et la stabilité. En ce sens, la concurrence entre États, loin d’être une confrontation sur les principes démocratiques ou les valeurs humaines, est un conflit sur le contrôle des marchés, des ressources et de la main-d’œuvre mondiale. Cette stratégie a eu des conséquences désastreuses pour la population : morts de civils innocents, migrations forcées, destruction d’infrastructures essentielles… Le génocide israélien contre le peuple palestinien en est un exemple clair.

Dans ce processus de militarisation, l’OTAN a joué un rôle central. Pour ELA, cette organisation n’a jamais garanti la paix, mais a toujours agi comme un bras de l’impérialisme occidental, favorisant les interventions militaires et exacerbant les conflits internationaux. Au Pays Basque, la population a rejeté l'adhésion à l'Alliance atlantique en 1986, et ELA réaffirme cette position et dénonce la soumission des institutions européennes à la stratégie militariste.

 

Avec l’aide de Trump, les États-Unis ont exigé que les membres européens de l’OTAN augmentent considérablement leurs contributions s’ils veulent rester sous leur égide. Dans le même temps, Trump continue de flirter avec Poutine pour mettre fin au conflit en Ukraine et s’emparer d’autant de ressources que possible de ce pays. Face à cette situation, l'Union européenne a décidé de déployer une nouvelle stratégie de remilitarisation, recherchant « une plus grande autonomie en matière de défense et de prévention en cas d'hypothétique invasion russe de l'UE ». Il convient toutefois de se demander si le rival de l’UE est la Russie ou si le problème se situe à l’intérieur, avec la montée du trumpisme européen en Italie, en France, en Allemagne et en Espagne.

 

La proposition d'allouer 800 milliards d'euros à des fins militaires, présentée par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, intervient à un moment où les politiques d'austérité continuent d'impacter les classes ouvrières. Ce modèle perpétue la précarité de l’emploi et profite exclusivement aux grandes industries d’armement, et représente une étape supplémentaire dans la subordination de la société à la logique du capital et de la guerre.

 

Par la doctrine du choc, en utilisant la peur, ils cherchent des appuis pour justifier les énormes sommes d’argent public qui seront investies dans l’industrie de l’armement, argent qui sera payé par la classe ouvrière (par les impôts ou la dette). De plus, la priorité donnée aux dépenses militaires entraînera une diminution du budget consacré aux dépenses sociales, comme on le constate en Allemagne, au Royaume-Uni et en France. Dan l'état espagnol, et par conséquent au Pays Basque, l’Autorité indépendante pour la responsabilité fiscale (AIReF) a clairement indiqué que l’augmentation des dépenses militaires exercerait une pression sur les finances publiques (jusqu’à une réduction de 1,6 % des dépenses publiques). C'est-à-dire que cela entraînera des coupes budgétaires.

 

Au Pays Basque, certains secteurs économiques voient également l’industrie militaire comme une activité lucrative. Selon le collectif Gasteizkoak, il existe plus de 200 entreprises qui consacrent tout ou partie de leur production à ce secteur, contre 70 entreprises il y a 15 ans. Ce qui est particulièrement grave, c’est le soutien du Gouvernement basque et de certaines forces politiques à la défense des intérêts des entreprises, légitimant l’insertion de notre société dans une dynamique de guerre, tout en ignorant les conséquences humaines, sociales et écologiques que cela implique. ELA propose de transformer l’industrie militaire en secteurs durables et utiles à la société, et l’administration doit jouer un rôle central dans ce processus.

 

Le bellicisme a des répercussions non seulement sur l’économie mais aussi sur les libertés, en augmentant la répression du mouvement syndical et en précarisant l’emploi. De plus, l’excuse de la sécurité justifie la persécution des migrants et le renforcement des frontières, transformant la Méditerranée et l’Atlantique en pièges mortels. D’un point de vue féministe et antiraciste, la guerre renforce les structures patriarcales et racistes, favorisant la violence et une masculinité hégémonique fondée sur l’imposition.

 

Cet engagement en faveur d’une économie de guerre entre en conflit direct avec le modèle de société défendu par ELA, qui réaffirme son engagement contre la militarisation et la guerre et l’approuvera par une résolution lors du congrès qui se tiendra les 2 et 3 juin. ELA continuera à se mobiliser contre l’augmentation des dépenses militaires et exigera que ces ressources soient allouées aux droits fondamentaux tels que les soins de santé, l’éducation et le logement ; défendra le droit de la classe ouvrière à l’objection de conscience ; Elle s’efforcera de promouvoir les activités économiques dans les secteurs productifs durables et continuera à lutter contre la rhétorique belliciste et fasciste, en promouvant la paix et l’autodétermination des peuples.