La Charte des Droits Sociaux du Pays Basque: “Pour renforcer le bien public et l’essentiel, il faut partager la richesse”

19/06/2020
La Charte des Droits Sociaux du Pays Basque (qui regroupe de nombreux syndicats et organisations sociale) a convoqué plusieurs mobilisations importantes pour le 19 juin sous la devise “Soigner le bien public et l’essentiel, en partageant la richesse. La vie d’abord!”

Ces mobilisations massives ont eu lieu le matin et l’après-midi dans les quatre capitales (Bilbao, Pampelune, Saint-Sébastien et Vitoria) et dans beaucoup d’autres endroits l’après-midi aussi.

 

Les sept domaines de revendications proposées par la Charte Sociale sont les suivantes :

 

1- Développement de services publics. Élever immédiatement à catégorie de publics les soins de santé (Résidences du troisième-âge, centres de jour, associations résidentielles pour personnes à diversité fonctionnelle, résidences de mineurs et services à domicile); des services à la santé publique ; des services sous-traités par les administrations publiques en Santé et Éducation (nettoyage, moniteurs, personnel de cantine…) ; et services d’ambulances, en garantissant la subrogation de tout le personnel et un procédé exceptionnel de consolidation. Assimiler les conditions de travail dans ces secteurs à celles du personnel des services publics.

 

2- Créer 10.000 postes de travail pour garantir un système public, universel et gratuit de soins de qualité qui change le modèle et garantisse les soins dès la naissance jusqu’à la fin de vie.

 

3- Mesures proposées dans l’initiative législative populaire contre la pauvreté et l’exclusion sociale : Allocation de Garantie de Revenus et RG au 100% du salaire minimum. Droit au logement.

 

4- Un minimum de 1080 euros pour les personnes retraitées.

 

5- Salaire minimum de 1200 euros et journée de 35 heures maximum.

 

6- Nouvelle fiscalité : que toute augmentation de dépense que supposerait cette proposition et toute la dette publique générée dans ce contexte soit à charge des très hauts revenus, des revenus de capital et des bénéfices des entreprises.

 

7- Régularisation de toutes les personnes en situation administrative irrégulière et concernées par l’économie souterraine.

 

Au-delà de ces mesures, les personnes qui représentent la Charte Sociale ont lancé ce message :

 

Nous avons été confinés et maintenant nous allons récupérer les rues. C’est ce qui est dit dans l’appel à la journée de mobilisation d’aujourd’hui. Aux pires moments du virus le confinement s’est avéré indispensable, du moins pour ceux qui ont pu le respecter, pour garantir la santé de tous et toutes. Maintenant, il est indispensable de redescendre dans les rues et lutter pour nos droits.

 

La crise sanitaire a frappé tous les secteurs mais surtout les plus vulnérables ; depuis les licenciements de travailleurs en situation précaire, la violence de tous genres jusqu’à l’augmentation de la violence faite aux femmes.

 

Le capital n’a pas fait trêve durant le confinement et a profité de toutes les occasions pour défendre les intérêts des plus nantis. Nous en avons des exemples clairs dans les efforts réalisés pour maintenir actifs des secteurs de production non essentiels ou les récentes réformes fiscales régressives proposées et appliquées par différentes institutions. Rappelons qu’aujourd’hui les corps de deux travailleurs sont encore prisonniers sous la terre à Zaldibar. Des décisions ont été prises pour aller plus loin dans des politiques contraires à la majorité sociale, des décisions qui augmentent les bénéfices d’une minorité aux dépends de la santé et des conditions de vie de la majorité sociale. C’est la formule qui nous est proposée pour sortir de cette crise.

 

Cependant, la société n’a pas lâché prise dans sa lutte contre le virus. C’est nous, travailleurs, étudiants ou retraités qui avons freiné le virus et nous qui avons réellement soutenu la société. C’est nous les femmes qui faisons bouger le monde et nous encore qui, sur ce chemin, avons le pouvoir de le transformer. Rappelons ici les réseaux de soins et de solidarité crées dans les quartiers et les villages.

 

L’autodéfense collective des personnes les plus vulnérables a été construite en auzolan entre tous et toutes, et nous avons créé des mécanismes pour la défense d’une vie digne. Ce pays a de nouveau montré sa force et sa capacité de prioriser, dans les pires moments, les besoins des gens avant le capital. C’est notre formule pour faire face à la crise : mettre les intérêts des personnes travailleuses et de la citoyenneté au centre de tout et maintenant c’est le tour des institutions de répondre aux besoins détectés à travers les services publics.

 

Il est temps maintenant de canaliser et d’orienter cette force collective pour faire face aux défis à relever. La montée de la précarité sera plus que probable et la réaction néolibérale, raciste et hétéro-patriarcale va s’exacerber. Il est temps de serrer les rangs et de faire face avec détermination à ce qui nous attend et de le faire en clé offensive. Les crises sont aussi des opportunités pour changer le système depuis sa racine. Allons-y!

 

Les dernières grèves féministes et la table créée en pleine pandémie pour traiter la crise des soins, la grève générale du 30 janvier, les mobilisations des retraités, les nombreuses initiatives pour défendre les droits des personnes migrantes, les manifestations et les actions relatives à l’urgence climatique… Nous ne partons pas de zéro. La COVID 19 ne nous a pas surpris les bras baissés. Maintenant, plus que jamais, il est important de récupérer le message que nous avons répété pendant les derniers appels : il faut tisser des réseaux et des alliances entre personnes et mouvements, il faut construire urgemment la mobilisation et l’organisation depuis la base et il est vital de prendre les rues d’assaut.

 

L’élan nous pousse, comme la vocation de changer les choses et d’aller à la racine des problèmes. Nous ne voulons pas retrouver le passé ni sauter à une supposée nouvelle normalité. Ce “nouvel ordre” est un état d’exception et d’alarme continu pour les travailleuses et les secteurs les plus touchés ; c’est une crise permanente pour les personnes qui sont dans la pire situation. Pour ce faire, il est indispensable d’avancer vers un modèle basé sur le changement social et qui cible avant tout la dignité et les droits de toutes les personnes.

 

Que le capital paye la crise!