La nouvelle réforme des retraites espagnole amènera des coupes

04/04/2023
Nous sommes face à une nouvelle attaque aux systèmes de retraites en Europe. Nous le constatons en France où Macron a décidé d’imposer sa réforme et de retarder le départ en retraite à 64 ans par une mesure antidémocratique qui a provoqué de grandes mobilisations et des grèves qui durent encore après son approbation.

Dans le cas de l’État espagnol, le Gouvernement a accordé avec Bruxelles (condition imposée pour débloquer le prochain tronçon de fonds européens) une nouvelle réforme des pensions. À différence de ce qui se passe en France, une réforme avait déjà été approuvée en 2011 qui, entre autres mesures, retardait l’âge du départ en retraite à 67 ans et appliquait des coupes de 5% au montant des nouvelles retraites (en augmentant de 15 à 25 le nombre d’années prises en compte pour calculer ce montant). La nouvelle réforme ne suppose pas une rectification mais au contraire consolide les coupes appliquées il y a plus de dix ans.

Maintenant, le Gouvernement a approuvé un Décret Royal. Il impose à la population une campagne de propagande, donnant une version partielle de la réforme, argumentant qu’il n’y a pas de coupes et en oubliant volontairement qu’elle consolide des attaques et des régressions profondes en matière de pensions. La réalité est toute autre :

1. On tiendra compte de plus d’années de travail pour calculer le montant de la retraite.

- A partir de 2040 on tiendra compte des 29 dernières années de cotisation pour calculer la pension de retraite en excluant les 24 pires mois (au lieu des 25 actuels), ce qui suppose une coupe des retraites des personnes qui ont aujourd’hui moins de 50 ans.

2. Les prochaines coupes sont assumées, en établissant la limite de dépense

- Une limite est mise au Budget consacré aux pensions de retraite (15% du PIB) et un mécanisme pour appliquer des coupes est envisagé.

- A partir du mois de mars 2025 et chaque 3 ans, un rôle crucial est donné à la AIREF (institut “indépendant” d’orientation clairement néolibérale) pour qu’il évalue la situation des pensions de retraite et propose des mesures d’ajustement.

3. On va plus loin dans la relation entre pensions de retraite et cotisations, en omettant que ce sont les impôts qui financent les pensions.

4. Les pensions de retraites minimales n’augmentent que de très peu, et dans de nombreux cas ce sont des pensions de misère. À titre d’exemple, les pensions de retraite minimales pour une personne de 65 ans ou plus sans conjoint à charge ou les pensions de veuvages des personnes de plus de 65 ans passeraient dans les deux cas de 783 à 828,5 euros. Il s’agit d’une augmentation de 45 euros par mois qui ne s’appliquera même pas cette année mais, progressivement, sur 4 ans. La réforme permet aussi de geler ou même de diminuer les pensions non contributives (525 euros). 

5. L’écart entre les sexes se maintient. Les femmes reçoivent une pension de retraite franchement plus basse que celle des hommes. Cependant les mesures figurant au point “écart entre les sexes” ne supposent pratiquement aucun changement par rapport à la situation actuelle.

6. Les coupes de la réforme de 2011 se maintiennent. Il faut revenir aux 65 ans comme âge de retraite, reprendre en compte 15 ans de cotisation pour calculer la pension ou éliminer les coupes de la retraite anticipée ou du contrat de remplacement. En plus de ne pas modifier ces thèmes un autre pas a été fait : la période pour calculer la pension de retraite est passée de 25 à 29 ans.

7. Mobilisations le 4 et le 20 avril. Dans ce contexte, ELA a soutenu la manifestation du Movimiento de Pensionistas del País Vasco (Mouvement des Retraités du Pays basque) le 18 mars. Mais ELA va organiser plusieurs actions, entre elles les mobilisations prévues pour le 4 et le 20 avril à Bilbao et Pampelune pour rejeter fermement cette réforme et exiger un système de pensions de retraite publiques qui garantisse des revenus suffisants pour une vie digne.