Le Document d’orientation est approuvé dans sa totalité
Joseba Villarreal, Leire Txakartegi, Mitxel Lakuntza y Mikel Noval sont les quatre représentants et représentante du Comité National qui ont défendu la proposition. Figure ci-après une synthèse de leurs interventions.
MIKEL NOVAL – MODÈLE SOCIAL
Nous savons que la planète est dans une situation limite. Celle d’Euskal Herria l’est donc tout autant. Si l’affirmation est dure elle n’en est pas moins vraie. En effet le changement climatique est une réalité, une menace pour tous. Mikel Noval a donc voulu insister dans son intervention : il faut changer le système, pas le climat.
Face à la crise systémique que nous traversons, il est nécessaire, indispensable, d’avancer dans ce modèle socioécomique alternatif. Cette transformation passe nécessairement par un changement radical des politiques publiques afin de privilégier la durabilité de la vie et de la planète plutôt que les intérêts des entreprises et du capital. La création et la construction d’alternatives socioéconomiques réelles sont également fondamentales, tout comme l’encouragement d’alliances avec les différents agents mobilisés dans ce changement de modèle.
Le document montre bien les nombreux défis que ELA va devoir relever à l’avenir. Pour ce faire, des alliances sont nécessaires. “Pour combattre la fraude fiscale, pour avoir un autre modèle de fiscalité ou pour contrecarrer les budgets néolibéraux il faut améliorer les rapports de force. Pour y arriver, ELA va travailler sans relâche mais il nous faut des alliances syndicales et sociales fortes”.
Selon Noval nous sommes à un moment crucial qui aura une importance décisive pour l’avenir. “Nous assistons à une confrontation évidente entre le capital et la vie. ELA a misé sans ambigüité sur la vie. Si la vie sort perdante, nous sommes tous perdus. Notre survie est en jeu et si nous voulons survivre il nous faut une transition économique, productive, reproductive, sociale et climatique”.
JOSEBA VILLARREAL – NÉGOCIATION COLLECTIVE
Dans son intervention, Joseba Villarreal a traité la négociation collective. “Nous avons malheureusement vu juste quand nous avons auguré les objectifs de la réforme du travail : miner les conditions de travail, dévaluer les droits collectifs et annuler les garanties et les droits. C’est à cela que l’on doit le blocage de la négociation collective par le patronat qui n’a pas la volonté de négocier puisqu’il n’en a pas besoin. La seule possibilité de conclure des accords passe par la signature des contenus établis par le patronat, sauf de rares exceptions”.
Joseba Villareal a également précisé les axes à suivre pour les quatre années prochaines. “Notre principal objectif est de combattre la précarité. Dans les centres de travail et dans les secteurs nous rencontrons des situations diverses : des journées à temps partiel, des entreprises outsourcing, des ETT, la sous-traitance, des salaires de misères, des journées de travail prolongées, des recrutements frauduleux, des contrats temporaires...”.
“Dans cet esprit, les plans de travail et l’organisation sont donc indispensables. La négociation collective et l’organisation sont les deux côtés d’une même médaille. Il est essentiel de gagner en capacité de confrontation et nous devons y mettre toutes les ressources et les outils du syndicat : libérés, militants, services juridiques, cabinets divers...”
Selon Villareal, ELA a une obsession : accroître sa capacité de confrontation. “ Pour améliorer les conditions de travail et de vie, la confrontation est incontournable ; nos problèmes ne se résoudront pas dans les bureaux ni par le biais de protocoles d’accord. Nous sommes déterminés à tout mettre en œuvre. Nous devons augmenter le niveau de conflictivité. Comme cela a toujours été, ce sont les contenus qui font qu’une convention soit bonne ou mauvaise. C’est en fonction de cela que nous prendrons la décision de signer ou pas.”.
LEIRE TXAKARTEGI – ORGANISATION
L’organisation était au cœur de l’intervention de Leire Txakartegi. À la question “Organisation, pourquoi?” Txakartegi répondait “ pour autonomiser les personnes”. Elle soulignait que, pour ce faire, il fallait une organisation forte. “Au congrès précédent, après les réformes du travail et de la négociation collective, nous avons entamé une réflexion sur l’organisation. Depuis, nous avons mis en place des changements importants: fusion de fédérations, rapprochement de la direction des fédérations vers les agglomérations pour favoriser le travail de syndicalisation… Nous avons l’intention de poursuivre les ajustements organisationnels pour arriver plus facilement à la syndicalisation des centres de travail et des secteurs ; ce ne sera que dans les domaines syndicalisés que nous pourrons obtenir des conditions de travail dignes et des conventions de travail et en garantir l’application”.
“Le travail d’organisation est, par définition, toujours inachevé et c’est sur les éléments fondamentaux de notre modèle que nous devons insister : l’amélioration des résultats de l’affiliation et aux élections syndicales, progresser en matière de syndicalisation et d’organisation de la classe travailleuse… sont des objectifs permanents pour ELA. Il est évident que ce travail se fait dans des conditions à chaque fois plus difficiles à cause surtout de la précarité, source de vulnérabilité et de division entre les travailleurs et travailleuses”.
Leire Txakartegi a voulu évoquer deux nouveautés importantes de la conférence dans le domaine de l’organisation : le changement organisationnel pour arriver à l’équité de genre et la planification.
“ELA est une organisation progressiste et de gauche ce qui ne veut pas dire que nous ayons une stratégie pour l’égalité des chances. Nous aussi, les femmes du syndicat, dans notre fonctionnement quotidien, nous créons et recréons des situations d’inégalité. Car, de par leur propre histoire, les syndicats étaient traditionnellement des institutions masculines. Accepter cette diagnose et nous engager à changer cette situation est une décision politique de poids. Nous en sommes convaincues. La défense des droits des femmes et de l’égalité de genres doit être considérée comme une revendication fondamentale et occuper une place centrale.”
“En ce qui concerne la planification ―a-t-elle ajouté―, il faut admettre qu’elle est indispensable dans un contexte contingent comme le nôtre, si nous voulons améliorer la qualité de notre travail, travailler de manière planifiée, si nous voulons marquer les lignes stratégiques, établir les priorités, fixer des objectifs quantifiables, décider les actions pertinentes pour y arriver… Le tout grâce à une planification qui, à commencer par la Direction, englobera toute l’action du syndicat”.
“C’est la seule façon pour nous d’avoir de réels plans de syndicalisation des centres et des secteurs, des plans efficients qui intègrent l’analyse de la précarité, qui prennent en compte la perspective de genre, les différences intergénérationnelles et les besoins des différents collectifs de travailleurs et travailleuses”.
MITXEL LAKUNTZA – POLITIQUE
ELA a assumé un engagement ferme en faveur de la défense des droits nationaux de notre pays. Cette idée a sous-tendu l’intervention de Mitxel Lakuntza qui a assuré la partie politique de la conférence.
“Cette conférence propose un processus souverainiste. Il est vrai que ce pays a perdu de son élan politique ce qui ne veut pas dire pour autant que nous n’ayons ni la capacité ni l’opportunité de promouvoir un processus de cet ordre. Nous devons, dans cet esprit, reconnaître nos faiblesses et tirer parti de nos points forts. À ELA, nous sommes convaincus qu’un processus souverainiste doit aussi être social et qu’il doit être promu unilatéralement. Arrivés là, les alliances sont essentielles. Par exemple le potentiel de ELA et LAB d’activer ensemble et de visibiliser un processus souverainiste est fort sans aucun doute. Et nous sommes aussi conscients qu’il nous faut des références politiques. À l’échelle institutionnelle il doit aussi y avoir un courant favorable institutionnelle il doit aussi y avoir un courant favorable à un processus social de profil souverainiste”.
Lakuntza a dénoncé, par ailleurs, la faible qualité démocratique de ce système. “Euskal Herria n’est pas libre des involutions démocratiques qui affectent tout le monde. Ce qui se matérialise en Euskal Herria n’est autre qu’une application de la stratégie néolibérale poussé à l’extrême. Les essais d’illégalisation du syndicat, les limites mises à l’exercice de la grève et les tables et accords en minorité encouragés par le Gouvernement basque mettent en évidence les reculs démocratiques que nous vivons”.
Se référant à l’autogouvernement, Lakuntza affirmait qu’il n’y a pas de bilatéralité en Euskal Herria. “L’État fait preuve, dès qu’il le peut, de son refus à accepter les décisions prises dans ce pays. Par conséquent nous voulons montrer clairement dans ce document d’orientation une idée fondamentale : il n’y a pas de bilatéralité entre les institutions d’Euskal Herria et l’Espagne. Ce n’est qu’une invention, une théorie fallacieuse qui cependant fonctionne pour les promoteurs de politiques néolibérales”.